Plus de 80 000 ha seront restaurés avec le projet SURAGGWA

Dans le cadre de la lutte contre la dégradation des terres, un projet intitulé « Renforcement de la résilience dans la Grande Muraille Verte africaine (SURAGGWA) » a été lancé hier. D’un coût de 25 millions de dollars, il permettra la restauration de 80 000 ha au Sénégal.
L’accord de signature du projet « Renforcement de la résilience dans la Grande Muraille Verte africaine (SURAGGWA) Sénégal », entre le Gouvernement de la République du Sénégal et l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a eu lieu hier. Pour le ministre de l’Environnement et de la Transition écologique, ledit projet traduit son engagement ferme à renforcer la résilience des populations face aux effets néfastes des changements climatiques, tout en préservant et restaurant les terres dégradées dans le cadre de l’Initiative de la Grande Muraille Verte. À travers ce programme régional couvrant huit pays africains, dont le Sénégal, souligne Daouda Ngom, son ministère réaffirme sa volonté de construire un avenir plus durable, plus vert et plus prospère pour tous.
Pour le Sénégal, le projet prévoit la restauration d’un peu plus de 80 000 hectares de terres dégradées qui est attendue pour bénéficier directement et indirectement à des milliers de Sénégalais. Il devrait également contribuer à atténuer les émissions de gaz à effet de serre, à développer des chaînes de valeur pour des produits forestiers non ligneux et à renforcer les capacités institutionnelles de l’Agence sénégalaise de la Reforestation et de la Grande Muraille (ASERGMV), afin d’assurer la durabilité des actions entreprises.
La signature de cet accord est donc une étape majeure qui marque le démarrage effectif de ce projet d’envergure, avec un financement total de plus de 25 millions de dollars, dont plus de 12 millions de dollars de cofinancement apportés par le Gouvernement du Sénégal. « Nous savons que les défis sont immenses, mais ensemble, avec le soutien de nos partenaires techniques et financiers et l’engagement des communautés, nous avons la conviction que nous réussirons à atteindre les objectifs fixés », a déclaré le ministre.
Pour la Représentante de la FAO, Bintia Stephen Tchicaya, et par ailleurs Coordonnatrice sous-régionale de la FAO en Afrique de l’Ouest et Représentante de la FAO au Sénégal, la Grande Muraille Verte, initiative phare de l’Union africaine, est bien plus qu’un mur de végétation. C’est une vision collective, selon elle, pour restaurer les terres, renforcer la résilience des communautés et bâtir un avenir durable dans la région sahélo-saharienne.
La Grande Muraille Verte s’étend sur plus de 8 000 kilomètres, du Sénégal à Djibouti, et mobilise plus de 20 pays africains, avec le soutien d’organisations internationales telles que la FAO. « Cette initiative prend tout son sens dans un contexte d’urgence écologique marqué par (remplacement de "faite de" pour un registre plus soutenu) une déforestation massive, causée par l’avancée du front agricole, les feux de brousse, les coupes illégales de bois et le surpâturage. Ce qui réduit substantiellement (correction orthographique) la capacité des forêts sénégalaises à absorber le CO₂. À l’échelle régionale, les effets du changement climatique se font durement sentir : hausse des températures, sécheresses prolongées, précipitations irrégulières, dégradation des terres et insécurité alimentaire croissante. Face à ces défis, le projet SURAGGWA – Scaling-Up Resilience in Africa’s Great Green Wall – représente une réponse audacieuse et transformatrice », assure Mme Tchicaya.
Les trois piliers essentiels du projet
Doté d’un financement de 87,75 milliards de francs CFA provenant du Fonds vert pour le climat, il vise à restaurer 1,4 million d’hectares de terres dégradées, à réduire 65 millions de tonnes de CO₂ et à améliorer durablement les conditions de vie de 1,9 million de personnes, en particulier des femmes et des jeunes.
Ce projet repose, d’après elle, sur trois piliers essentiels : la restauration des paysages à travers des techniques agroécologiques et l’utilisation d’espèces indigènes ; le développement de chaînes de valeur résilientes pour des produits forestiers non ligneux comme le baobab, la gomme arabique ou les balanites ; et le renforcement des capacités institutionnelles pour assurer une coordination efficace, un suivi rigoureux et la mobilisation de financements innovants.
En outre, elle a indiqué que SURAGGWA est un projet profondément inclusif qui s’appuie sur l’engagement de plus de 15 000 groupes communautaires, avec une participation féminine d’au moins 30 %. Il mobilise les gouvernements, la société civile, le secteur privé et les institutions régionales dans un esprit de synergie et de coopération. « La FAO est fière d’accompagner cette dynamique. En Afrique de l’Ouest, nous mettons en œuvre la stratégie des “Quatre Améliorations” : une meilleure production, une meilleure nutrition, un meilleur environnement et une vie meilleure pour transformer les systèmes alimentaires et renforcer la résilience. Au Sénégal, nous avons soutenu la révision de la loi d’orientation agro-sylvo-pastorale, la création d’une agence de reboisement et de pôles verts résilients, ainsi que l’élaboration du Plan national d’adaptation de l’agriculture. Aujourd’hui, avec SURAGGWA, nous franchissons une nouvelle étape. Nous passons à l’échelle supérieure pour faire de la Grande Muraille Verte un symbole vivant de la résilience, de la dignité et de l’espoir pour les populations rurales du Sahel », se félicite-t-elle.
CHEIKH THIAM